Je n’avais pas encore évoqué le mythe allemand des autoroutes illimitées. Ma première déception était survenue lors de mon arrivée. Des travaux tous les 50km entre Fribourg et Munich avaient enlevé pas mal de crédibilité à mes envies d’escapades furieuses. J’ai pu également à cette occasion gouter au style de conduite local : « on-off » ! Du champ libre sur 2 km, on écrase le champignon de sa grosse Mercedes pour monter à 220 avant de se mettre debout sur les freins 5 min plus tard et coller la voiture de devant qui n’avance pas avec son petit 150. J’étais plutôt incrédule au volant de ma 206 en voyant tous ces tarés faire l’accordéon et n’avancer au final pas plus vite que moi…
Mais cet après-midi, je suis passé de l’autre coté de la barrière ! Par mon boulot, je suis allé chez un fournisseur avec 3 autres de mes collègues. Mon tuteur Thomas avait loué une Mondeo break (ohne schiebedach !) et avait pris le volant. Je m’installe sur la banquette arrière pépère en croyant pouvoir somnoler tranquillement sur la route. A peine ma ceinture bouclée, Thomas démarre sur les chapeaux de roue, je suis littéralement collé au siège. Si j’avais su, j’aurais pris ma combinaison anti-g ! Je n’étais pas loin du voile noir à chaque changement de vitesse. Il tirait comme un bourrin sur le moteur. Direction le sud de la Bavière pour un trajet estimé à 1h ½. Autoroute dégagé, je vois le paysage où du moins les traits fuyants défiler. Malgré la pluie et la voiture de devant à 2m de notre capot, nous flirtons avec le 200. En toute sérénité, le conducteur pousse même l’autoradio histoire d’avoir un fond musical pour se détendre, les autres ne semblaient pas plus que ça préoccupés.
Je pensais être arrivé au bout de mes peines en quittant l’autoroute. Erreur, j’ai cru qu’il mettait la voiture en dérapage sur le sol mouillé à chaque virage avec ses appel/contre-appel en prenant des ressources à plus de 4000t/min. Sa conduite semblait s’inspirer de Maverick et Schummi !!! Je pense qu’il a dû être frustré dans sa jeunesse et veux rattraper le temps perdu. Bref, arrivé en un seul morceau au rendez-vous, la gomme chaude et le moteur fumant n’avaient d’égal que ma transpiration. Le trajet a duré une ½ h de moins, le record de la piste a dû tomber !
Le retour a été plus cool car l’autoroute plus chargé. On n’est monté qu’à 180 sous une pluie battante! La sortie de l’autoroute était bien encombrée et mon tuteur décide de la jouer à la française, du moins à la lyonnaise, du moins à la « Romain » en doublant la file et se rabattant au dernier moment sur l’unique voie de dégagement. Alors là, les autres étaient tous surpris qu’il ait grugé le bon kilomètre de voitures alors que le 200 sous pluie intense à 3m de la voiture de devant était tout à fait légitime. Bref, comme les voitures ne dégageaient pas du même coté que nous, Thomas s’est mis à doubler à moitié sur le talus et à moitié sur la route les autos qui nous gênaient en accélérant à chaque fois à la limite du rupteur !!!
Bilan de l’opération, Thomas était visiblement tout content se s’être défoulé, et nous étions toujours vivant. Mais bon à en juger la réaction des autres passagers, j’étais le seul à me préoccuper de ma vie. Et dire que les allemands nous prennent pour des tarés au volant, j’étais bien content de reprendre le volant de la voiture pour rentrer du boulot sans risquer la mort à chaque virage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire